La Banque centrale européenne (BCE) est l’institution communautaire qui gère la politique monétaire des pays membres de l’Union Européenne qui ont adopté l’euro, dans l’espace géographique que l’on appelle communément la « zone euro ». Le principal objectif de cette institution européenne est de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro, contribuer à préserver le pouvoir d’achat de la monnaie commune et de prévenir les crises systémiques qui peuvent impacter les États membres.

Histoire de la Banque centrale européenne

Contrairement aux autres institutions européennes, la BCE n’a vu le jour qu’en 1998 à la suite du traité d’Amsterdam qui a modifié le traité constitutif de l’Union européenne. La Banque centrale européenne a ainsi succédé à l’Institut monétaire européen (IME) qui avait été créé lors de la deuxième phase de l’Union économique et monétaire (UEM) pour traiter les questions transitoires liées à l’adoption de l’euro comme monnaie unique. L’IME a également préparé la création de la BCE et du Système européen de banques centrales (SEBC). Ce dernier comprend la BCE et les banques centrales nationales de tous les États membres de l’UE, y compris ceux qui n’ont pas adopté l’euro comme monnaie nationale.

La BCE a exercé ses pleins pouvoirs pour la première fois le 1er janvier 1999, après l’introduction de l’euro comme monnaie officielle de la zone euro. Durant cette période, les banques centrales nationales des onze États membres de l’UE ont transféré leur fonction de politique monétaire à la BCE, mais les pièces et les billets de la nouvelle monnaie ne sont entrés en circulation que trois années plus tard, en 2002. D’autres États membres de l’UE ont adhéré par la suite à la zone euro, la Grèce, la Slovénie, Chypre, Malte, la Slovaquie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ayant rejoint l’UE entre 2001 et 2015 à l’occasion des élargissements successifs de l’Union. Cette expansion a élargi le champ d’action de la Banque centrale européenne et a marqué une étape importante dans le processus complexe de l’intégration européenne. Le premier président de la BCE a été Win Duisenberg, qui était également l’ancien président de l’IME et de la banque centrale néerlandaise. Ses partisans le considéraient comme le garant d’un euro fort. Sa candidature à la plus haute fonction financière de l’UE avait reçu des soutiens de poids, avec notamment les gouvernements allemand, néerlandais et belge. Le gouvernement français s’était opposé à ce que M. Duisenberg prenne la présidence de la BCE et avait fait pression pour propulser plutôt l’économiste français Jean-Claude Trichet au sommet de la BCE. Le désaccord a été résolu avec la signature d’un accord révélé bien plus tard qui stipulait que Win Duisberg devait accepter de se retirer deux à trois ans plus tard au profit de M. Trichet, le temps de gérer la transition entre l’IME et la BCE dont M. Duisberg connaissait les rouages. Jean-Claude Trichet assumera ainsi la présidence de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011.

Le fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE)

La Banque centrale européenne siège à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Le Conseil des gouverneurs de la BCE est l’organe au sein de la BCE qui prend les décisions de politique monétaire de la zone euro. Cet organe se compose de six membres du directoire et du gouverneur (ou poste équivalent) de la banque centrale nationale de chaque État membre. Avec l’élargissement de la zone euro, le Conseil des gouverneurs s’est donc logiquement élargi. Il dispose d’un système de rotation des droits de vote entre les gouverneurs des banques centrales nationales, sachant que les membres du directoire disposent d’un droit de vote permanent, car le conseil des gouverneurs est trop important pour que tous les membres puissent voter à chaque réunion.

La responsabilité première de la BCE, liée à son objectif principal de maîtrise de l’inflation, reste la formulation de la politique monétaire de l’Union en tenant compte des turbulences du macro environnement. Il s’agit de prendre des décisions concernant les objectifs monétaires, les taux d’intérêt directeurs, l’approvisionnement en réserves dans l’Euro système et d’établir des orientations pour la mise en œuvre de ces décisions par les différents États membres. Les réunions de décision de politique monétaire ont lieu toutes les six semaines et la BCE se veut transparente quant au raisonnement qui sous-tend ses décisions, quitte à soulever de temps à autres la polémique, notamment auprès des gouvernements dits « à tendance souverainiste ». La BCE tient une conférence de presse après chacune de ses réunions et publie ensuite le procès-verbal des rencontres au plus haut sommet des gouverneurs des banques centrales nationales.

L’Euro-système, qui comprend donc la BCE et les banques centrales des États membres nationaux, est responsable de la mise en œuvre pratique de la politique de la BCE, avec la gestion effectives des réserves de change, des opérations sur le marché des changes et du bon fonctionnement du système de paiement. La BCE est également l’organe de l’UE qui s‘occupe de la surveillance bancaire… un rôle qui a été accru au lendemain de la crise économique mondiale. En collaboration avec les autorités de surveillance des banques centrales nationales, elle gère ce que l’on appelle le mécanisme unique de surveillance (MUS). Les décisions liées à cette fonction visent principalement à assurer la sécurité et la solidité du système bancaire européen. La raison d’être du MUS est d’assurer la cohérence des pratiques de supervision bancaire dans les systèmes bancaires des pays membres. Rappelons que c’est le laxisme de la supervision dans certains pays membres qui a été l’une des causes de la crise financière européenne qui a débuté en 2008. Le MUS a commencé à fonctionner en novembre 2014. Il accueille l’ensemble des pays de la zone euro, et des pays hors UE peuvent librement choisir d’y adhérer.

Quels sont les rôles de la BCE ?

La fonction première de la Banque centrale européenne est de maîtriser l’inflation et de préserver la valeur de l’euro. Le Conseil des gouverneurs a défini la stabilité des prix comme une inflation qui tourne, au maximum, autour de 2 %. La stabilité des prix est essentielle pour stimuler la croissance économique et la création d’emplois, qui restent des objectifs essentiels dans l’UE. La BCE a le monopole de l’émission des billets de banque dans la zone euro. Elle influence la masse monétaire sur le marché en contrôlant les fonds disponibles pour les banques centrales et commerciales dans les États membres de l’UE. En outre, la BCE fait des annonces hebdomadaires sur le montant de fonds qu’elle souhaite fournir et le taux d’intérêt minimum acceptable. Les banques qui ont donné des garanties déposent ensuite leurs offres pour les fonds de la Banque centrale européenne par le biais d’un mécanisme d’adjudication. Une fois que les banques ont obtenu les fonds, elles les utilisent pour accorder des prêts aux particuliers et aux entreprises dans leur pays.

En matière de surveillance bancaire, la BCE a le pouvoir d’octroyer et de retirer des agréments bancaires, de procéder à des contrôles prudentiels sans préavis et de fixer des exigences de fonds propres plus élevées pour contrer tout risque financier qui menacerait la zone euro. La BCE exerce une surveillance directe sur 124 banques importantes qui détiennent 82 % des actifs bancaires de la zone euro. Parmi les autres responsabilités de la Banque centrale européenne, on peut également citer la conduite des opérations de change, la promotion du bon fonctionnement et de la sécurité des systèmes de paiement ainsi que la gestion des réserves de change de la zone euro.

Le rôle de la BCE dans la gestion de la crise économique

La BCE a joué un rôle déterminant dans l’organisation d’une réponse à la crise de la dette de la zone euro qui a commencé en 2009 après que les retombées de la crise financière de 2007 et 2008 ont frappé l’Europe. La BCE a abaissé les taux d’intérêt afin d’assurer un approvisionnement régulier de l’Euro-système en euros. Sous la direction de son président Jean-Claude Trichet, la BCE s’est également jointe au Fonds monétaire international pour accorder des milliards de dollars de prêts aux économies en difficulté du Portugal, de l’Irlande et de la Grèce afin d’éviter des défaillances de ces pays, ce qui aurait menacé la stabilité de toute la zone euro et miné la viabilité de l’euro en tant que monnaie commune. Par la suite, le fait que les prêts accordés ont obligé les gouvernements bénéficiaires à mettre en œuvre de sévères compressions budgétaires et d’autres mesures d’austérité a suscité des protestations généralisées et l’indignation de l’opinion publique dans les pays bénéficiaires, ce qui a entraîné des changements politiques majeurs dans certains pays, notamment en Grèce.

Qui est le président de la Banque centrale européenne ?

Christine Lagarde est la première femme présidente de la Banque centrale européenne. La nomination de l’ancienne ministre française des Finances et ’ex-patronne du Fonds monétaire international (FMI) marque une volonté de faire bénéficier la BCE de l’expérience d’une figure historique de la finance mondiale. Christine Lagarde est née à Paris et a fait ses études en France. Elle est diplômée de la faculté de droit de l’Université Paris Nanterre. Après avoir été admise au barreau de Paris, elle a rejoint le cabinet multinational Baker McKenzie. Ayant gravi les échelons de son cabinet d’avocats, Lagarde s’est par la suite spécialisée dans le droit du travail et dans le droit antitrust, avant de faire sa classe dans le conseil en en fusions et acquisitions.

En 2005, elle quitte Baker McKenzie pour se lancer dans le monde de la politique en tant que ministre française du commerce extérieur. Deux ans plus tard, elle sera nommée ministre des Finances et de l’Économie, devenant ainsi la première femme chef des finances d’un pays du G-7. Mais sa trajectoire ascendante ne s’est pas arrêtée là : en 2011, elle a été nommée directrice générale du Fonds monétaire international, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. Depuis, elle dirige l’institution basée à Washington. Lagarde a supervisé les programmes de sauvetage de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande pendant la crise de la dette souveraine qui a culminé en 2011 et 2012. Les trois pays en question étant membres de la zone euro, Christine Lagarde a donc participé à la gestion de la plus grande financière de l’UE. Les représentants des 28 pays européens (y compris le Royaume-Uni) l’ont donc choisie comme présidente de la BCE avec pour principale tâche le contrôle de l’inflation et l’application des décisions de politique monétaire de l’Union. En tant que ministre des Finances en France, Mme. Lagarde serait intervenue pour mettre fin à un litige judiciaire de 14 ans en ordonnant à un panel de juges d’arbitrer une affaire impliquant l’homme d’affaires Bernard Tapie, un ami du président français, Nicolas Sarkozy. L’affaire s’est terminée par une ordonnance de l’État français de rembourser environ 400 millions d’euros de dommages et intérêts à Tapie. Christine Lagarde a été accusée par ses détracteurs d’ingérence dans le système judiciaire français. Ses partisans soutiennent que le gouvernement aurait dû faire face à une facture plus élevée si le processus avait traîné en longueur. La décision subséquente de Mme. Lagarde de ne pas faire appel l’a conduite à une condamnation du tribunal pour négligence dans le cadre d’une « inconduite ministérielle ». Mme. Lagarde, qui aurait pu passer jusqu’à un an en prison et payer une amende de 13 000 euros, avait finalement été relaxée. Sur une note plus légère, Christine Lagarde a fait partie de l’équipe de France de natation synchronisée. Elle a déjà remporté une médaille de bronze aux championnats nationaux.

Les dirigeants européens et les ministres des finances ont décrit Lagarde comme étant la bonne personne pour diriger la Banque centrale européenne. Son carnet d’adresses impressionnant et ses talents de communicatrice sont considérés comme ses principaux points forts. Certains critiques ont mis en doute sa capacité à prendre des décisions de politique monétaire, compte tenu de sa formation en droit plutôt qu’en économie. Toutefois, ceux qui l’ont côtoyée au FMI affirment que Mme. Lagarde est consciente de cette faiblesse qu’elle compense par l’expertise de ses collaborateurs triés sur le volet.